il m'a toujours été difficile de me classer socialement. Je me vis plutôt comme hors classe. je sais pourtant que j'appartiens à une moyenne classe économique. Je me souviens d'une période d'aisance puis de la chronique dèche de mes parents et du large confort chez mes grands parents. Je me souviens surtout que tout le monde est priori digne d'intéret . ça n'était pas dit mais c'était fait. Ma mère possède cette capacité d'ouverture aux autres dont j'ai hérité comme tous mes frères et soeurs. Elle possède aussi ce don pour faire passer la notion du hors temps; le sublime. Mon père est issu d'un croisement étrange d'aristocratie déchue et de non man's land intérieur. De ce coté, je vois la démerde et la fuite. Nous avons vécu à la campagne bien que pas agriculteurs. Nous ne mangions que bio. On en parlait pas en ces termes à l'époque. Ma mère "passait au magasin de régime". Jamais à la maison ne se trouvait de pain blanc, "le pain de français", jamais de cochonnaille, jamais de gras. Ma mère cuisine impeccablement cette cuisine là, excepté un mémorable gateau aux citrons sans sucre, classé dans la rubrique " danger: peut tuer". ma mère était anti-français pour tout , le foot, l'armée, de Gaulle, le parti communiste, le nucléaire, les colonies. A la maison, Il y avait des poules, des lapins, des cochons, des chêvres , une femme de ménage et un jardinier ivrogne. Nous vivions en tribu. Fallait toujours cacher ses chaussettes pour ne pas se les faire piquer. On buvait de la limonade, des fois. Pas de salle de bain mais une chevrolet Bel Air. Selon les visites, ça parlait américain , allemand, russe, poitevin ainsi qu'un pataouette sauce famille. Nous avions des gateaux puces ( soit des miettes dans le lit, soit une peau rugueuse) et on "atsinait nos sapaguies" (on enfilait nos chaussures). Ma soeur Fifi hypnotisait ses camarades de classe de CE1 pendant la recré. Elle les faisait pioncer au milieu de la cour . Mes frères se prenaient des coups ds la gueule. j'ai vécu chez mes grand parents.
Mes grands parents maternels n'avaient pas beaucoup d'amis, étaient ouverts à la bizarrerie, par le boulot, par goût aussi . ils n'aimaient peut être pas être comme les autres. Ils étaient " perso" avec des caractères bien trempés. Ils mangeaient de la viande, des fruits de mer , du pain de français et ma grand mère laissait tout bruler. Ils étaient catho bien pensants et gaullistes, la guerre normal, n'aimaient pas les arabes mais ils disaient qu'on aimait maintenant les juifs parce qu 'on les avaient massacré. ils disaient "que la foule est versatile, aux Rameaux , on l'acclame etc etc". Mon grand père croyait ? croyait pas ? j'en sais rien. il aimait son boulot , il n'y a que ça qui comptait et sa femme. A table, Il y n'était question que de musique, de son, de jeux d'orgues, de chantiers et de devis. J'ai le souvenir d'un brassage permanent. Ma grand mère était une femme de devoir, de force et d'autorité. Elle avait un regard droit, toujours droit et transperceur des âmes, de la mienne évidement. Elle se prenait des fous rires peu charitables.
Avec tout ça et puis le reste, je ne me pose pas devant les autres en tant que sujet d'une classe, bien que j'y sois évidement renvoyée. Au boulot, mes subalternes ne sont pas de la même classe que moi surtout de classe culturelle. Je ne me sens pas bien dans les mises en scènes conventionnelles, ça ne me rassure pas du tout qu'il faille en passer par là pour que ça marche, le monde et les rôles. Je n'aime pas être chef, suis tyrannique. Des fois , j'aimerais être parée d'une cicatrice de sabre autrichien sur la joue, une pas une trop moche mais juste assez présente. je sais même qu'après le duel, la blessure doit être passée tous les soirs au sirop de sucre pour ralentir la cicatrisation, ça marque mieux. je peux entendre toutes les psy analyses possibles, je m'en fiche. j'assume totalement.
j'ai perdu le fil de l'appartenance sociale. pas grave. parce que de toute façon ça n'a pas grand sens. La notion de classe pas lieu d'être en moi.
Moi, j'appelle ça, en ce qui me concerne, "être un exilé de l'intérieur". C'est pour ça que j'ai une tendresse et un tropisme incontrôlables pour les exilés de tous poils, enfin presque tous, ceux qui en valent la peine, si tu vois ce que je veux dire... mais tu vois, je sais...
RépondreSupprimeroui, ceux qui en valent la peine comme avec les non exilés et avec qui la question ne se pose pas non plus. En résumé: " puisque tu es là, tu es". J'admire la qualité de la personne, j'ai tendance à le dire, à la clamer , à remercier. j'aime dans le projet de chacun celui qui rend libre de liberté intérieure.Ceux qui prennent des chemins de traverse qui font dérailler leur programme de base. être hors classe ...on se retrouve peu à pouvoir dialoguer en interclasse.
RépondreSupprimerSi tu te souviens de la recette du choux fleur sauce"Zaza",donnes la moi!
RépondreSupprimerChoux cuit parfaitement,pas mou,servi tiède avec une super sauce créer par ta maman et baptisée de mon surnom.
Bises d'une greffe de la maison...
mais zaza, la sauce , c'est toi qui la faisait.
RépondreSupprimersi je me souviens bien, huile , moutarde, peut être un peu de vinaigre de cidre et du persil ou du cerfeuil . tout ça au pif évidemment.
tu te souviens quand tu faisais le gué et surveillait l'arrivée du vieux à solex( il le prenait pour faire des économies) avec son casque et que tu donnais l'alarme en criant "Vla le gaspi, vla le gaspi" .
il arrivait et la fête était finie.on repensait au lendemain matin quand il reprendrait le solex et à la journée qu'on allait vivre à se baigner dans les carrières abandonnées, fumer des clopes dans les paillets, discuter avec les stoppeurs ramenés par ma mère et écrire des lettres d'amour anonymes.
surveillais
RépondreSupprimerNon non, ta maman est bien l'auteur de cette sauce!(de la savora?)
RépondreSupprimerles souvenirs comme ceux-la,sont bons à se remémorer.
Siphonner le réservoir de sa voiture pour
remplir celui du 102...
J'en veux encore!
Le racisme anti-arabe tout inexcusable qu'il fut était l'expression d'une crainte,celle de l'ombre en djellaba qui allait suriner le fils ainé chéri envoyé quelques mois en algérie avant les accords d'Evian. Cette peur, je m'en souviens,les a tenaillés, du matin au soir, et la nuit sans doute, pendant tout cette période exactement comme chaque samedi soir, nous attendions derrière les vitres de la cuisine les phares de la voiture du père annonçant son retour, pas par crainte de le revoir mais bien au contraire par peur de l' accident qui nous le tuerait, angoisse angoisse, angoisse depuis, je ne supporte pas d'attendre quelqu'un la nuit tombée...
RépondreSupprimerPour ce qui est de lui, du grand père, mon père, te souviens-tu de ce que les pédés, il les "sentait"; il nous affirma ça un jour où ils étaient quasi-majoritaires à sa table... Ce qui ne l'empêchait pas d'être le premier à avoir compris mes orientations, et ce très tôt... Drôle de mec, Papa...
pour la sauce zaza, avec la savora , ce n'est pas tres bon. je crois , moutarde normale. on s'en fera le 10 juin chez N°19
RépondreSupprimerMoi je sais comment maman faisait la fameuse sauce "Zaza" : ce n'était ni avec de la moutarde ordinaire, ni avec de la Savora, c'était avec de la moutarde Bornibus du magasin du "Père Thibaut" ! Maintenant, je ne sais pas si ça existe encore !
RépondreSupprimerBisous d'Aix...