jeudi 25 février 2010

alice in sarkoland

http://www.youtube.com/watch?v=QSswi1ta7TQ

écoutez ça : alice au pays du métal

http://www.youtube.com/watch?v=W9InP-0gJ9A

jeudi 18 février 2010

vendredi 12 février 2010

Nouveau suicide d'un salarié de France-Télécom

un de moins à payer..c'est toujours ça de gagné

AMENO 3 ( non non ...pas Ameno fils 3)

http://www.youtube.com/watch?v=UTRA3YuE-uU

AMENO LA SUITE

ça peut donner ça aussi ...
http://www.youtube.com/watch?v=37j84iaBdfY

le poing G ..en pleine figure

http://sites.radiofrance.fr/franceinter/video/humour.php ( François Morel sur france inter)
oui oui ,les scientifiques se penchent sur notre cul
a se tordre de rire..
c'est pourtant pas compliqué
http://www.clitoris-film.com/extraits.html

jeudi 11 février 2010

lundi 8 février 2010

les règles du jeu

> >
> > Nicolas sarkozy réhabilite la chasse présidentielle
> >
> > Dans votre édito ce matin : les chasses présidentielles.
> >
> > Oui, les chasses présidentielles. On avait oublié que ça existait.
> > Ou plutôt on pensait que ça ne pouvait plus exister, quun président
> > du XXI eme siècle qui avait, je cite…ou plutôt je re-re-récite, faut
> > bien faire le boulot…donc qui avait dit « je veux changer la
> > pratique de la république : plus de simplicité plus de proximité,
> > plus dauthenticité »… on pouvait donc se dire quil ne réactiverait
> > pas cette institution caricaturale de notre république aux accents
> > monarchiques quest la chasse présidentielle. Elle avait
> > partiellement disparu sous Jacques Chirac qui, sous linfluence
> > moderniste de sa fille Claude, avait supprimé les chasses de Marly
> > et Rambouillet. Restait Chambord, son château, ses 160 hectares de
> > forêts encloses, parfaites pour ce type dactivité couteuse, obscure
> > et anachronique. Vendredi dernier, se tenait à Chambord une chasse
> > présidentielle organisée par le conseiller et ami du président,
> > linénarrable Pierre Charon qui vient dêtre nommé par Nicolas
> > Sarkozy responsable de la chose avec pour mission den faire un
> > objet dinfluence et dentretien de réseaux. Donc vendredi, ça a
> > commencé, comme le veut la tradition, par un petit déjeuner pour les
> > 30 invités et leurs épouses (ou leur maris) et ça sest terminé
> > (après la partie de chasse) par un diner dans le château. Juste
> > avant ce repas il y aura eu la cérémonie dite « du tableau de chasse
> > ». Pierre Charon a réintroduit le faste qui avait disparu depuis
> > longtemps, c'est-à-dire la présentation du tableau de chasse avec
> > garde républicain en grande tenue et flambeau à la main. Tout le
> > décorum le plus éculé, le plus clinquant le plus monarchique, le
> > plus impérial, le plus déplacé pour ne pas dire le plus obscène est
> > réhabilité. Tout ça bien sûr, dans la confidentialité et lopacité
> > la plus totale. On ne sait pas combien ça coute. Le contribuable na
> > pas le droit de savoir qui est invité. Pas de listes, pas de photos.
> > Cest clinquant, pompeux et dépensier et cest secret comme une
> > réunion de secte.
> >
> > Pourquoi ne prenez-vous pas ça pour du folklore, Thomas ? Quy a-t-
> > il de si scandaleux ?
> >
> > Rien de fondamentalement scandaleux, cest vrai mais simplement
> > révélateur ! Généralement le ridicule ne tue pas, là il dégomme du
> > gibier. Mais si cétait du folklore ce serait public comme cétait
> > dailleurs le cas sous les président Auriol et Coty. Ce qui est plus
> > désolant cest que Pierre Charon assume tout à fait (il le dit dans
> > lExpress de cette semaine) den faire un instrument de réseau, de
> > rencontre entre grands du pays. Sont invités des préfets, des
> > ministres, des patrons du Cac 40, des diplomates et des grands flics
> > aussi. On dit que Martin Bouygues, Serge Dassault, lancien
> > procureur Yves Bot, le sans doute futur membre du conseil
> > constitutionnel Michel Charasse y ont tirés quelques gibiers
> > récemment. On sy promet des rosettes, des pistons, des prébendes,
> > des marchés…On y fomente des trahisons, des alliances…après avoir
> > descendu un vieux faisan qui navait sans doute jamais volé avant
> > dêtre lâché fort opportunément devant les calibres de cette
> > nouvelle noblesse bling-bling. Le but avoué est de créer des «
> > obligés de lElysée ». Vous-vous souvenez de vos cours dhistoire ?
> > La nuit du 4 aout, cétait pour abolir le privilège de la chasse
> > réservée aux nobles. Les chasses présidentielles réhabilitées, avec
> > le retour de ce protocole à plumeau, sécurisés par des gendarmes
> > réquisitionnés pour loccasion, cest un peu plus quanecdotique
> > parce que cela traduit une façon de faire de la politique. La
> > politique des réseaux, des amitiés hauts placées, des mélanges
> > public/privé, grosses fortunes, grosses responsabilités dEtat. Les
> > chasses présidentielles sont aux antipodes de ce que suggérait la
> > campagne du candidat Sarkozy et tout simplement aux antipodes de
> > notre époque.
> >

> ------------------------------------------------------
> Christophe DAGOT
> Responsable Spécialité
> Eau et Environnement
> ENSIL - GRESE - Université de Limoges
> dagot@ensil.unilim.fr
> +33(0)555 423 697
> www.ensil.unilim.fr - www.unilim.fr

> Visitez les sites
> http://www.cobias.brgm.fr
> http://www.pills-project.eu
> http://www.cost-dare.eu/.

jeudi 4 février 2010

LE VOILE


MISSION PARLEMENTAIRE SUR LE VOILE INTEGRAL 

par Djemila Benhabib, auteure d'un ouvrage critique 

Mesdames les sénatrices, Mesdames les présidentes, Mesdames et messieurs les dignitaires, 

Chers amis, 

Merci mille fois de ce grand honneur que vous me faites, 
aujourd'hui, de me consacrer parmi les Femmes debout et 
de permettre à ma voix, celle d'une femme de culture 
musulmane féministe et laïque de résonner dans cette 
prestigieuse institution de la République. Merci à vous, 
mes amies de Femmes solidaires et de la Ligue du droit 
international des femmes pour votre travail acharné, 
permanent et indispensable que ce soit dans les 
quartiers, auprès des femmes victimes de violences et 
discriminations, des sans papiers ou encore au sein des 
politiques et des instances onusiennes. C'est dire que 
c'est ici, localement que prend racine le travail pour 
les droits des femmes pour se répercuter à l'échelle 
internationale. C'est dire aussi que la Marche des 
femmes pour la liberté et l'égalité est une et 
indivisible. Lorsqu'une femme souffre dans un quelconque 
endroit de la planète, c'est notre affaire à toutes et à 
tous. Merci de nous faire sentir de mille façons que 
nous sommes les maillons d'une même chaîne. 

Voilà encore quelques années, je n'aurais jamais imaginé 
que ma vie de femme, que ma vie de militante serait si 
intimement liée au féminisme et à la laïcité. 

Je vous surprendrai peut-être en vous avouant que je ne 
suis pas devenue féministe en tournant les pages 
du /Deuxième Sexe/, ni en me plongeant dans ce 
magnifique roman d'Aragon /Les Cloches de Bâle/, où il 
était question entre autres de Clara Zetkin et de Rosa 
Luxembourg, deux figures de proue du féminisme et de la 
paix dans le monde. 

Je ne suis pas devenue laïque en m'abreuvant de Spinoza, 
de Ibn Al-Arabi, de Descartes, de Ibn Khaldoun, ou de 
Voltaire, mon maître. Absolument pas. 

J'aurais pu tourner mon regard ailleurs pour me perdre 
dans cette enfance si heureuse que j'ai eue dans une 
famille généreuse, cultivée, ouverte sur le monde et sur 
les autres, profondément engagée pour la démocratie et 
la justice sociale. J'aurais pu m'égarer dans la beauté 
de cette ville qu'est Oran où il faisait si bon vivre au 
bord de la mer. Cette ville qui a propulsé la carrière 
littéraire d'Albert Camus, avec son célèbre roman /La 
peste/, jusqu'au Nobel de littérature. J'aurais pu ne 
rien voir, ne rien entendre des brimades, du mépris, des 
humiliations et des violences qu'on déversait sur les 
femmes. J'ai choisi de voir et d'écouter d'abord avec 
mes yeux et mes oreilles d'enfant. Plus tard, j'ai 
choisi de dire les aspirations de toutes ces femmes qui 
ont marqué ma vie pour que plus jamais, plus aucune 
femme dans le monde, n'ait honte d'être femme. 
Pour vous dire vrai, à l'enfance et surtout à 
l'adolescence, je n'ai jamais rêvé de mariage, de prince 
charmant, de robe longue, de grande maison, d'enfants et 
de famille. Les quelques mariages auxquels j'avais 
assisté, en Algérie, me faisaient sentir que la femme 
était un objet bien plus qu'un sujet. Inutile de vous 
préciser que ma perspective était ultraminoritaire, car 
les femmes sont formatées à devenir des épouses puis des 
mères dès l'enfance. Je devais avoir, quoi, cinq, six, 
peut-être sept ans tout au plus, lorsqu'on me somma de 
rejoindre ma grand-mère dans la cuisine, car ma place 
naturelle était à mi-distance entre les fourneaux et la 
buanderie, de façon à pouvoir faire éclater mes talents 
de cuisinière et de ménagère le moment venu. 

En 1984, l 'Algérie adopte un code de la famille inspiré 
de la charia islamique. J'ai 12 ans à cette époque. 
Brièvement, ce code exige de l'épouse d'obéir à son mari 
et à ses beaux-parents, permet la répudiation, la 
polygamie, destitue la femme de son autorité parentale, 
permet à l'époux de corriger sa femme et en matière 
d'héritage comme de témoignage, l'inégalité est érigée 
en système puisque la voix de deux femmes équivaut à 
celle d'un homme tout comme les parts d'héritage. 

Question : L'Algérie est-elle devenue musulmane en 1984 ? 

Réponse : Je vous la donnerai pendant le débat tout à 
l'heure si vous le souhaitez. 

Pour ce qui est de la laïcité, j'ai compris sa nécessité 
lorsque, au tout début des années 1990, le Front 
islamique du salut (FIS) a mis à genoux mon pays 
l'Algérie par le feu et par le sang en assassinant des 
milliers d'Algériens. Aujourd'hui, on est forcé de 
constater que les choses n'ont pas tellement changé. 

Trop de femmes dans le monde se font encore humilier, 
battre, violenter, répudier, assassiner, brûler, 
fouetter et lapider. Au nom de quoi ? De la religion, de 
l'islam en l'occurrence et de son instrumentalisation. 
Pour refuser un mariage arrangé, le port du voile 
islamique ou encore pour avoir demandé le divorce, porté 
un pantalon, conduit une voiture et même avoir franchi 
le seuil de la porte sans la permission du mâle, des 
femmes, tant de femmes subissent la barbarie dans leur 
chair. Je pense en particulier à nos soeurs iraniennes 
qui ont défilé dans les rues de Téhéran pour faire 
trembler l'un des pires dictateurs au monde : 
Ahmadinejad. Je pense à *Neda*, cette jeune Iranienne 
assassinée à l'âge de 26 ans. Nous avons tous vu cette 
image de Neda gisant sur le sol, le sang dégoulinant de 
sa bouche. Je pense à *Nojoud Ali*, cette petite 
Yéménite de 10 ans, qui a été mariée de force à un homme 
qui a trois fois son âge et qui s'est battue pour 
obtenir le droit de divorcer. et qui l'a obtenu. Je 
pense à*Loubna Al-Hussein* qui a fait trembler le 
gouvernement de Khartoum l'été dernier à cause de sa 
tenue vestimentaire.. 

La pire condition féminine dans le globe, c'est celle 
que vivent les femmes dans les pays musulmans. C'est un 
fait et nous devons le reconnaître. C'est cela notre 
première solidarité à l'égard de toutes celles qui 
défient les pires régimes tyranniques au monde. Qui 
oserait dire le contraire ? Qui oserait prétendre 
l'inverse ? Les islamistes et leurs complices ? 
Certainement.mais pas seulement. 

*Il y a aussi ce courant de pensée relativiste qui 
prétend qu'au nom des cultures et des traditions nous 
devons accepter la régression, qui confine l'autre dans 
un statut de victime perpétuelle et nous culpabilise 
pour nos choix de société en nous traitant de racistes 
et d'islamophobes lorsque nous défendons l'égalité des 
sexes et la laïcité. C'est cette même gauche qui ouvre 
les bras à Tarik Ramadan pour se pavaner de ville en 
ville, de plateau de TV en plateau de TV et cracher sur 
les valeurs de la République.* 

Sachez qu'il n'y a rien dans ma culture qui me 
prédestine à être éclipsée sous un linceul, emblème 
ostentatoire de différence. Rien qui me prédétermine à 
accepter le triomphe de l'idiot, du sot et du lâche, 
surtout si on érige le médiocre en juge. Rien qui 
prépare mon sexe à être charcuté sans que ma chair en 
suffoque. Rien qui me prédestine à apprivoiser le fouet 
ou l'aiguillon. Rien qui me voue à répudier la beauté et 
le plaisir. Rien qui me prédispose à recevoir la 
froideur de la lame rouillée sur ma gorge. Et si c'était 
le cas, je renierais sans remords ni regret le ventre de 
ma mère, la caresse de mon père et le soleil qui m'a vu 
grandir. 

L'islamisme politique n'est pas l'expression d'une 
spécificité culturelle, comme on prétend ça et là. C'est 
une affaire politique, une menace collective qui 
s'attaque au fondement même de la démocratie en faisant 
la promotion d'une idéologie violente, sexiste, 
misogyne, raciste et homophobe. 

Nous avons vu de quelle façon les mouvements islamistes, 
avec la complicité, la lâcheté et le soutien de certains 
courants de gauche cautionnent la régression profonde 
qui s'est installée au cour même de nos villes. Au 
Canada, nous avons tout de même failli avoir les 
tribunaux islamiques. En Grande-Bretagne c'est déjà la 
norme dans plusieurs communautés. D'un bout à l'autre de 
la planète, le port du voile islamique se répand et se 
banalise, il devient même une alternative acceptable aux 
yeux de certains car c'est tout de même mieux que la burqa! 

Que dire de la démission des démocraties occidentales 
sur des enjeux primordiaux à la base du vivre-ensemble 
et de la citoyenneté tels que la défense de l'école 
publique, des services publics et de la neutralité de l'État ? 

Que dire des reculs en matière d'accessibilité à 
l'avortement ici même en France ? 

Tout ça pour dire qu'il est toujours possible de faire 
avancer les sociétés grâce à notre courage, notre 
détermination et à notre audace. Je ne vous dis pas que 
ce sont là des choix faciles. Loin de là. Les chemins de 
la liberté sont toujours des chemins escarpés. Ce sont 
les seuls chemins de l'émancipation humaine, je n'en connais pas d'autres. 

Cette merveilleuse page d'histoire, de NOTRE histoire, 
nous enseigne que subir n'est pas se soumettre. Car 
par-delà les injustices et les humiliations, il y a 
aussi les résistances. Résister, c'est se donner le 
droit de choisir sa destinée. C'est cela pour moi le 
féminisme. Une destinée non pas individuelle, mais 
collective pour la dignité de TOUTES les femmes. C'est 
ainsi que j'ai donné un sens à ma vie en liant mon 
destin de femme à tous ceux qui rêvent d'égalité et de 
laïcité comme fondement même de la démocratie. 
L'histoire regorge d'exemples de religions qui débordent 
de la sphère privée pour envahir la sphère publique et 
devenir la loi. Dans ce contexte, les femmes sont les 
premières perdantes. Pas seulement. La vie, dans ses 
multiples dimensions, devient soudainement sclérosée 
lorsque la loi de Dieu se mêle à la loi des hommes pour 
organiser les moindres faits et gestes de tous. Il n'y a 
plus de place pour les avancées scientifiques, la 
littérature, le théâtre, la musique, la danse, la 
peinture, le cinéma, bref la vie tout simplement. Seuls 
la régression et les interdits se multiplient. C'est 
d'ailleurs pour ça que j'ai une aversion profonde à 
l'égard des intégrismes quels qu'ils soient, car je suis une amoureuse de la vie. 

Rappelez-vous une chose : lorsque la religion régit la 
vie de la cité, nous ne sommes plus dans l'espace du 
possible, nous ne sommes plus dans le référentiel des 
doutes, nous ne sommes plus dans le repère de la Raison 
et de la rationalité si chères aux Lumières. Séparer 
l'espace public de l'espace privé en réaffirmant la 
neutralité de l'État me semble indispensable, car seule 
la laïcité permet de se doter d'un espace commun, 
appelons-le un référentiel citoyen, loin de toutes 
croyances et de toutes les incroyances, pour prendre en 
main la destinée de la cité. Avant de conclure, 
permettez-moi de partager avec vous une lettre destinée à l'un de vos élus. 

J'ai longuement hésité avant de vous écrire. Peut-être, 
par peur d'être perçue comme celle venue d'ailleurs qui 
fait indélicatement irruption dans les « affaires 
françaises ». Au diable les convenances, je n'ai jamais 
été douée pour la bienséance surtout lorsqu'elle est au 
service des plus forts, des plus puissants et des plus 
arrogants. Puis, s'il avait fallu que je vive en 
fonction du regard des autres, je n'aurais rien fait de 
ma vie ou si peu. Lorsqu'il s'agit des droits des 
femmes, nulle convenance ne doit primer sur l'essentiel. 
L'essentiel étant : la liberté, l'égalité et 
l'émancipation des femmes. J'entends encore des copines 
françaises me dirent avec insistance : parle-lui, 
dis-lui, écris-lui. Étrangement, leurs propos me 
rappellent le titre de ce magnifique film 
d'Almodovar /Parle avec elle/ où dès les premiers 
instants, le rideau se lève furtivement, pendant 
quelques secondes, sur un spectacle de danse, mettant en 
scène le corps d'une femme, celui de Pina Bausch. Elle 
qui exprimait si bien dans ses chorégraphies crûment la 
violence exercée à l'encontre des femmes. 

Monsieur Gérin, c'est à vous que je m'adresse, je 
voudrais vous parler, vous dire la peur que j'ai connu 
le 25 mars 1994 alors que j'habitais à Oran, en Algérie 
et que le Groupe islamique armé (GIA) avait ordonné aux 
femmes de mon pays le port du voile islamique. Ce 
jour-là, j'ai marché la tête nue ainsi que des millions 
d'autres Algériennes. Nous avons défié la mort. Nous 
avons joué à cache-cache avec les sanguinaires du GIA et 
le souvenir de Katia Bengana, une jeune lycéenne âgée de 
17 ans assassinée le 28 février 1994 à la sortie de son 
lycée planait sur nos têtes nues. Il y a des événements 
fondateurs dans une vie et qui donnent une direction 
particulière au destin de tout un chacun. Celui-là, en 
est un pour moi. Depuis ce jour-là, j'ai une aversion 
profonde pour tout ce qui est hidjab, voile, burqa, 
niqab, tchador, jilbab, khimar et compagnie. Or, 
aujourd'hui vous êtes à la tête d'une commission 
parlementaire chargée de se pencher sur le port du voile intégral en France. 


En mars dernier, je publiais au Québec, un livre 
intitulé /Ma vie à contre-Coran/ : une femme témoigne 
sur les islamistes. Dès les premières phrases, je 
donnais le ton de ce qu'est devenue ma vie en termes 
d'engagements politiques en écrivant ceci : « J'ai vécu 
les prémisses d'une dictature islamiste. C'était au 
début des années 1990. Je n'avais pas encore 18 ans. 
J'étais coupable d'être femme, féministe et laïque. » Je 
dois vous avouer que je ne suis pas féministe et laïque 
par vocation, je le suis par nécessité, par la force des 
choses, par ces souffrances qui imprègnent mon corps car 
je ne peux me résoudre à voir l'islamisme politique 
gagner du terrain ici même et partout dans le monde. Je 
suis devenue féministe et laïque à force de voir autour 
de moi des femmes souffrir en silence derrière des 
portes closes pour cacher leur sexe et leur douleur, 
pour étouffer leurs désirs et taire leurs rêves. 

Il fut un temps où on s'interrogeait en France sur le 
port du voile islamique à l'école. Aujourd'hui, il est 
question de voile intégral. Au lieu d'élargir la portée 
de la loi de 2004 aux établissements universitaires, 
nous débattons sur la possibilité de laisser déambuler 
dans nos rues des cercueils. Est-ce normal ? Demain, 
peut-être c'est la polygamie qui sera à l'ordre du jour. 
Ne riez pas. Cela s'est produit au Canada et il a fallu 
que les cours (de justice) s'en mêlent. Car après tout 
la culture à bon dos lorsqu'il s'agit d'opprimer les 
femmes. Ironie du sort, j'ai constaté dans plusieurs 
quartiers que les jupes se rallongent et disparaissent 
peu à peu. La palette des couleurs se réduit. Il est 
devenu banal de camoufler son corps derrière un voile et 
porter une jupe, un acte de résistance. C'est tout de 
même une banlieue française qui est le théâtre du 
film /La Journée de la jupe./ Alors que dans les rues de 
Téhéran et de Khartoum, les femmes se découvrent de plus 
en plus, au péril de leur vie, dans les territoires 
perdus de la République française, le voile est devenu la norme. 
Que se passe-t-il ? 
La France est-elle devenue malade ? 
Le voile islamique est souvent présenté comme faisant 
partie de « l'identité collective musulmane ». Or, il 
n'en est rien. Il est l'emblème de l'intégrisme musulman 
partout dans le monde. S'il a une connotation 
particulière, elle est plutôt politique surtout avec 
l'avènement de la révolution islamique en Iran en 1979. 
Que l'on ne s'y trompe pas, le voile islamique cache la 
peur des femmes, de leur corps, de leur liberté et de leur sexualité. 

Pire encore, la perversion est poussée à son paroxysme 
en voilant des enfants de moins de cinq ans. Il y a 
quelques temps, j'essayais de me rappeler à quel moment 
précisément, en Algérie, j'ai vu apparaître ce voile 
dans les salles de classe. Pendant mon enfance et 
jusqu'à mon entrée au lycée, c'est-à-dire en 1987, le 
port du voile islamique était marginal autour de moi. À 
l'école primaire, personne ne portait le hidjab, ni 
parmi les enseignants, ni surtout parmi les élèves. 

Voilà 12 ans que j'habite au Québec dont la devise 
inscrite sur les plaques d'immatriculation des voitures 
est « Je me souviens ». A propos de mémoire, de quoi la 
France devrait-elle se souvenir ? Quelle est porteuse 
des Lumières. Que des millions de femmes se nourrissent 
des écrits de Simone de Beauvoir dont le nom est 
indissociable de celui de Djamila Boupacha. C'est peu 
dire. Il ne fait aucun doute pour moi que la France est 
un grand pays et ceci vous confère des responsabilités 
et des devoirs envers nous tous, les petits. C'est 
d'ailleurs pour cela qu'aujourd'hui, tous les regards 
sont tournés vers votre commission et que nous attendons 
de vous que vous fassiez preuve de courage et de 
responsabilité en interdisant le port de la burqa. 

Pour notre part au Québec, on se souvient qu'en 1961, 
pour la première fois dans l'histoire, une femme, une 
avocate de surcroît, est élue à l'Assemblée législative 
lors d'une élection partielle. Son nom est Claire 
Kirkland et elle deviendra ministre. En invoquant un 
vieux règlement parlementaire qui exigeait des femmes le 
port du chapeau pour se présenter à l'Assemblée 
législative, on la force à se couvrir la tête pendant 
les sessions. Elle refuse. C'est le scandale. 
Un journal titre : « Une femme nu-tête à l'Assemblée législative ! » Elle résiste et obtient gain de cause. 

Il faut comprendre par là que nos droits sont des acquis 
fragiles à défendre avec acharnement et qu'ils sont le 
résultat de luttes collectives pour lesquelles se sont 
engagés des millions de femmes et d'hommes épris de 
liberté et de justice. J'ose espérer, monsieur 
Gérin, que la commission que vous présidez tiendra 
compte de tous ces sacrifices et de toutes ces 
aspirations citoyennes à travers le monde et les siècles. 

A vous chers amis, s'il y a une chose, une seule, que je 
souhaiterais que vous reteniez de ces quelques mots, 
c'est la suivante. Entre une certaine gauche 
démissionnaire, le racisme de l'extrême droite et le 
laisser-faire et la complicité des gouvernements nous 
avons la possibilité de changer les choses, plus encore 
nous avons la responsabilité historique de faire avancer 
les droits des femmes. Nous sommes, en quelque sorte, 
responsables de notre avenir et de celui de nos enfants. 
Car il prendra la direction que nous lui donnerons. 
Nous, les citoyens. Nous, les peuples du monde.. Par nos 
gestes, par nos actions et par notre mobilisation. 
Toutes les énergies citoyennes sont nécessaires d'un 
pays à l'autre au-delà des frontières. L'avenir nous 
appartient. La femme est l'avenir de l'homme disait 
Aragon. S'agissant d'homme, je veux en saluer un présent 
aujourd'hui, c'est mon père à qui je dois tout. 

Et je finirai par une citation de Simone de Beauvoir : « 
On a le droit de crier mais il faut que ce cri soit 
écouté, il faut que cela tienne debout, il faut que cela 
résonne chez les autres. » 
J'ose espérer que mon cri aura un écho parmi vous. 


*Djemila Benhabib* 


Lettre lue au Palais du Luxembourg, le vendredi 13 
novembre 2009, lors de la journée "Femmes debout", 
organisée par Femmes Solidaires et la Ligue du Droit 
International des Femmes