jeudi 31 décembre 2009

mon père, ce que tu es



















Ce matin, mes frères et soeurs ont reçu ce message de notre père:
"Mes chers,
J'en appelle à votre bon sens et jugement critique.
D'abord: pourquoi lors de mon divorce n'avais-je été qualifié que de père autoritaire?
Une trentaine d'années de vie en vase clos à esprit sectaire se manifeste maintenant par une tentative d'extorsion de 5000 Euros sous un prétexte fallacieux et d'une misandrie malsaine qui a pour but de détruire le père qui a avec succès a refait sa vie. Ouvre tes yeux et tes oreilles - ils sont nombreux dans ton entourage qui me connaissent depuis une vie entière .
Papa"


Je suis restée un petit moment lire cette prose. je me suis demandée quel ennemi de la vie pouvait écrire ça. je me suis interrogée sur la capacité de l'humain à détruire l'autre pour sa propre survie, petite survie de merde. 
Je ne te plains pas, mon pauvre père. 
Je te regarde avec un drôle de regard.
je te regarde t'enterrer tout seul.
Jusqu'a présent , je pensais que tout le monde avait le droit à une considération juste parce qu'il  est un être humain. Mais aujourd'hui devant tes écrits minables....quoi penser? 
plus rien.
Tu as tout loupé, ta vie d'humain , tu l'as loupée totalement. Tu représentes le dégré 0 de l'humanité. Tu es un Eichman qui n'était pas obligé de  tuer pour survivre. En te regardant , je suis face à l'horreur absolue.
Aujourd'hui, tu ne peux plus me terroriser, tu ne peux plus m'anéantir. Je ne suis  plus une enfant de 5 ans en proie à tes actes incestueux . 
La vie, ma vie est plus forte que toute ton énergie destructrice. Tu ne peux plus me nuire. 
Je publie tes écrits pour montrer au monde ce que tu es. 
Je constate avec espoir que malgré  ton manque d'amour, d'humanité  et d'empathie,  malgré la violence , la folie et la mort que tu as cultivées,   malgré tout ça , mes soeurs, mes frères et moi même, sommes restés en vie (mais à quel prix). 
Tu avais portant choisi de nous massacrer. 
Tu as fait le choix du mal alors que personne ne t'obligeait à le faire.
Je remercie ma mère de nous avoir donné, le plaisir de vivre, l'intelligence et l'amour. 
Je t'avais dit, lors de notre dernière entrevue, au bar de la Renaissance,   que tu pouvais me remercier de t'avoir évité 15 ans de taule.  
Aujourd'hui, devant tes mots,  je me dis que ça aurait peut être été  la seule solution pour qu'enfin tu te confrontes à la réalité et à ta responsabilité.
J'ai la chance - chance que j'ai induite - d'être  entourée  et soutenue par mes frères, soeurs, mère , oncles et tantes,  cousins et cousines, amis, amies...; des personnes éprises de liberté et de bonheur, pour elles et pour leurs prochesToi, tu as peur que ta femme sache ce que tu es . Tu es  juste ça:  la peur  et pour ça ,  tu es capable de tuer encore.
Tu n'es  plus que ça, un monstre agonisant. Je t'ai terrassé et je suis fière de moi. 
Je vais maintenant agir pour toutes les gamines et les gamins qui, en plus d'avoir été abusés par leur père, n'ont pas  trouvé d'espace pour dire.

mardi 22 décembre 2009

et tu vas voir



et tu vas voir , on va se faire une teuf, une mega teuf pour fêter la VIE.
et n'oublions pas qu'on en à qu'une. Je me rend compte de cette lutte permanente que l'on doit mener contre soi même pour enfin vivre. L'humain est une erreur du règne animal, une horreur, il l'a  prouvé mais il est aussi porteur d'une vitalité incroyable. je crois qu'on a du mal à accepter cette vitalité comme si on n' en  était pas à la hauteur.
j'ai mis 50 ans à accepter cette capacité vitale , d'autres n'acceptent jamais et d'autres acceptent d'emblée.
Ces derniers béneficient de cette sagesse qui consiste à
ne pas être sage,  
se sentir à la hauteur de sa vitalité ,
se désaliéner de soi.

dimanche 20 décembre 2009

une bombe de Noêl

alors , je vais vous dire.
je vais vous dire le plus difficile à dire et à entendre.
j'ai fait l'objet d'abus sexuels de la part de mon père , j'avais  entre 5 et 11 ans.
Ce qui me sauve est de parler.
mais voila ça tombe comme une bombe.

C'est parti comme ça ; je lui ai écrit en octobre, sans doute par provocation ,  lui demandant  5000 euros pour m'acheter une moto. . je lui ai rappelé sur quoi repose ma réclamation: un solex promis pour mon bac promesse oubliée  mais que ma mère a assumé avec son fric à elle, celui de son boulot. Cette demande provocatrice  d'argent est la seule chose capable de l'atteindre. Je lui reclamais ce qu'il est incapable de concevoir: un cadeau.
Je lui ai également rappelé ses actes incestueux et violents.  Il  m'a repondu par courrier  qu'il déplorait notre "mauvaise relation" et qu'il en "souffrait beaucoup dans son coeur". Il me proposait d'en parler lors de sa venue le 19 décembre à Paris pour "apaiser notre relation".
j'ai lu sa lettre deux trois fois , constatant, qu'encore une fois il ne savait parler que de lui. Evidement, un silence sur ma demande. je l'ai appelé au téléphone le lendemain.
"A l'époque  j'étais fou," me dit 'il " je demande pardon, mais  que vas tu faire maintenant? quoi ? parler?mais tu veux ma mort, tu veux que je me suicide?  tu veux massacrer ma nouvelle vie avec ma femme ?" j'ai regardé les photos  de famille, tu ne laissais rien transparaitre, comment voulais tu que je devines ta détresse"....... "le passé est le passé". etc etc..
Je lui est dis que pour moi , il était grand temps de vivre donc de parler.  
Lui , comme au tribunal , avait  le droit à un avocat pour défendre son cas.
 Il est inateignable, emmuré dans sa folie qui prend la forme d'une indifférence  à l'autre. Je l'ai regardé dans son impossibilité à se sentir  responsable. Quand j'ai lu le bouquin d'Hannah Arendt, Eichman à Jerusalem, j'ai pensé à lui tout de suite.

Une amie, representative d'une certaine normalité,  m'a dit "mais ça sert à quoi maintenant  de foutre la merdre autour de toi ? il faut pardonner...". 
Ma responsabilité à moi.
La responsabilité est ce qu'il faut endosser quand on a été abusée, quand on vous vole votre intégrité, quand une grande partie de votre vie passe à étayer pour éviter la folie,  en pensant que le monde va s'arreter de tourner si on arrete de le porter
je pense que dès ma naissance , j'ai senti sa morbidité, je lui ai donné ma vie, il l'a prise , il l'a pillée. Je me suis tue donc tuée. C'est con les mômes , on ne s'en rend pas assez compte.
La première question qui vient est  " et ta mère pourquoi n'a t'elle rien fait?
" Elle n'a pu rien voir parce que  j'ai tout fait pour que rien  se sache, ne se sente. J'ai retenu mon souffle , j'ai appris la discrétion, je suis devenue maîtresse dans l'art de passer entre les gouttes. Elle n'a rien vu , point barre. Ni vous d'ailleurs, ni personne.
Lui est fini parce qu'il n'a jamais été et  je n'y suis pour rien. Je lui redonne sa mort.
Mais, pour moi,  la parole sert à  recupérer  l'espace de vie  sur terre qui m'est du, comme à chaque humain. Coming out.
je suis née un 11 avril, mais j'ai une seconde date de naissance : le 20 Décembre.


J'ai rendez vous  avec lui, à 15 h. Café La Renaissance, angle rue du Retour , à coté du cimetierre du  Père Lachaise.  
Faut toujours savoir garder un bout d'humour au fond de sa poche.

Il est 15h 40, je suis rentrée chez moi. 
je l'ai vu. je l'ai expulsé de moi. je lui ai fait baisser son oeil en pointant mon doigt vers lui comme il le  faisait quand on étaient mômes " baisse ton oeil ! ". 


En sortant du bistrot, j'ai regardé le ciel, il faisant un soleil immense dans mes yeux grand ouverts.
je suis heureuse et libérée.

mardi 15 décembre 2009

quelques portraits

En ce moment , je médite donc je ne suis pas très causante. Ceci dit, j'observe. 
d'abord, Dédé, agent retraité de la ville, je le croise tous les jours à  la cantine. il se traine une silhouette à la Hercule Poirot . Mes collègues m'ont raconté que jadis , il chiquait mais le médecin lui a déconseillé. Maintenant, il chique toujours. il stocke dans sa joue gauche  la dernière bouchée de ce qu'il a avalé à la cantine.  je n'ai pas osé lui demander combien de temps ça tient. Jusqu'au repas suivant? .  J 'imagine qu'il préfère les aliments fibreux.

Quelques fois ,  dans un coin de la cantine, il est assis et  pleure. les cantinières savent qu'il est triste parce  qu'il n'a plus , ni sa mère,  ni sa soeur. 







ensuite les arbres,  ma collection d'arbres de ville augmente ( juste un extrait)



 

 

et puis Moxie , le beau:


 
pour rappel:

jeudi 3 décembre 2009

je pense à moi


je fonctionne par révelations intérieures. genre y'a un truc qui mijote , ça part en ébullition et hop c'est reparti pour un nouveau cycle...
j'ai oublié le principal ;  après l'ébullition,  c'est la révélation  ( le" mais c'est bien sûr " du commissaire Maigré) ,  avant de repartir pour un nouveau cycle. 
Mais alors , mais alors, qu'est que ça mijote longtemps avant de se réveler !

programme

 
C'est vrai qu'elle faker est  à cheval sur des valeurs un peu tombées en désuétude; amitié, courage, espoir, monde meilleur, rien foutre le plus possible pour avoir le temps de rien foutre le plus possible et qui fasse plaisir , 
prendre des fois un ticket de loto le moins cher possible, à 2€, parce qu'elle part du principe que le billet est ou n'est pas gagnant, donc qu'elle a une chance sur deux de gagner le super mega pactole, 
celui qui est infini 
et avec lequel on peut  passer son temps à aller à des concerts n'importe où au monde, des concerts de musiques indiennes qui durent des heures, 
avec les lionnes des gardiennes grandes pretresses rodant à la porte du temple sacré 
des tas de bas reliefs porno lesbiens tantriques, éclairés à la torche, par des esclaves nubiens et bien nus..(pour les pd du groupe).
avec toutes et tous ses ami(e)s à qui elle verse une pension à vie 
ils iront ensemble, ou seul, goûter tous les raffinements du monde, musique , danse, cuisine, paysages, bruits, odeurs , prendre le temps de gouter à l'infiniment petit et embrasser l'immensité terrestre, du pôle nord au sud en passant partout. 
et j'en passe 

 Elle est facile à reconnaitre : elle est comme ...lesa utres .

mardi 1 décembre 2009

faucheuse du soir...

je l'ai évitée de justesse parce qu'elle s'est pratiquement jetée dans mes phares. j'ai pilé  et j'ai d'abord vu le fluorescent de sa peau.
"bien", me dis-je, "encore pour ma pomme". j'ai ouvert la porte coté passager. Elle s'est assise et a allongé ses grandes jambes. les grandes faucheuses sont facilement reconnaissables à la grandeur de leurs pieds, au moins du 57. ça fait con dans une voiture de tourisme. la prochaine fois, je prendrais le 4x4.
Elle s'est retournée vers moi après quelques seconde de silence. ses yeux bleus et jaunes m'ont fixée . pas un mot. je connaissais la combine. bientôt d'une voix pâle, elle allait me demander de la conduire dans une maison d'un village proche. Elle avait une haleine fétide de vieux requin. je me suis demandé ce qu'elle a
vait pu  bien bouffer ce soir là.
Pourquoi dois je encore faire le taxi pour la Mort?  elle ne peut pas avoir sa bagnole pour elle toute seule? Des vivants qu'elle vient ramasser , c'est tous les jours, deux ou trois. Elle pourrait même en louer une, une petite 4 cv essence, si elle voulait. ben non, pour le service de nuit , ça tombe sur moi de préférence parce que je traverse toutes les nuits vers 3/4h, cette forêt de chênes immenses et froids. Au début , ça me plaisait de connaitre les moeurs des grandes faucheuses. ça donnait : - moi : " et vous manger quoi au petit déjeuner?- réponse : "des tartines de mélasse noire avec un petit café serré sans sucre" .. puis , autre question : -" et l'hiver vous portez de vêtements particuliers? " Elle avait retroussé sa longue jupe grise et verte pour me montrer ses bas épais comme de la toile d'araignée.
maintenant , ça me lasse.
Non , ce soir , je n'ai pas envie de l'accompagner jusqu'au la porte de la future maison du malheur. Ce soir, je lui ai dis fermement ; " descends, je ne veux plus". C'était comme une rupture amoureuse.
je passe mon bras par dessus ses grandes jambes, je me penche pour ouvrir la porte. elle ne dit rien , elle sort et récupère sa grande faux coincée à l'arrière de la voiture. Elle fera le chemin à pied, ça laissera un peu de temps au défunt. histoire qu'il puisse  voir la fin de son feuilleton préféré ou celle d'un documentaire sur la fonte des glaces.