J'ai souvent pensé devenir volontaire dans une mission antarctique. Un an, seule dans une cabane bien chauffée avec plein de bouquins, des films, une baignoire et l'eau chaude. Aucune tâche particulière à effectuer, pas de relevé de température de vent, pas de constat de congélation de banquise... rien. Rien que être, un an avec les pingouins et le bruit des glaçons. La paix et moi toute seule. A l'époque , il n'y avait pas internet. je ne sais pas si maintenant j'accepterais cette mission solitaire sans connexion. Ai je changé et suis-je devenue cyber accro au monde? Les deux, les deux.
Dans mon nid d'aigle parisien , je reste des jours à lire, regarder des films, à manger des pommes, des vitamines , des galettes fromage jambon, oeuf fromage, jambon oeuf , boire du thé et nager. Pour cette dernière activité, un jour sur deux , je sors, je marche beaucoup, je regarde l'agitation autour de moi. J'ai débranché mon cerveau à penser, mon cerveau à me préoccuper du monde. Je m'imprègne de lâcher prise sans date limite butoir. Je me force à suivre cette voie pas si évidente qui me dit " enfin ! tu ne sais pas où tu vas, tu ne dois pas t'en préoccuper pour l'instant , laisse tomber le contrôle, le ciel ne va pas tomber ".
Je voudrais ne plus parler ni donner de signes rassurants. En ce moment, j'admire les gens qui ne parlent pas ou peu. ça me fait penser à l'histoire des trois tamis de Socrate : http://www.mediapart.fr/club/blog/peneloppe/260809/les-trois-tamis-de-socrate