ps: la croix qui raye le S du verbe est de la main de mother
mardi 15 février 2011
quand je n'ai plus de petites cuillères
quand je ne trouve même plus de grandes cuillères parce qu'évidement les petites sont déjà sales depuis longtemps et que je ne trouve au mieux que le limonadier pour manger un yaourt, je me dis qu'il est temps de faire la vaisselle
le ménage
la lessive
le rangement des boites en plastique fourre-tout de l'entrée
lavage du sol et de la salle de bain.
Alors , je récupère avec beaucoup de dégout, une petite cuillère qui trempe dans l'évier , la lave avec du produit vaisselle et me dit :
"pour le reste , on verra demain".
et toujours , le vIllage des cannibales
A mon goût , une très bonne présentation de ce bouquin :
http://nebalestuncon.over-blog.com/article-17023916.html
le sacrifice
Je me souviens m'être laissé labourer le visage dans la cour de récré de maternelle. Je ne connaissais pas la gamine, je ne comprenais pas pourquoi elle me faisait du mal, alors je l'ai laissé faire. A la sonnerie , je me suis mise en rang avec les autres devant la porte de la classe et j'ai entendu les hurlements de l'institutrice. Elle criait au cause de mon visage en sang. Je me souviens d'une croute énorme puis de cicatrices longtemps inscrites sur ma joue droite, mêlées aux taches de rousseur.
Je me sentais d'un autre monde. JE 5 ans, moi, était prise dans le hors de la vie de mes parents, dans le statut de "réfugié russe " ofpra croix rouge tuberculose de mon père et dans l'aura d'anesthésie de ma mère. J'en étais issue.
Quand la gamine s'en est prise à moi, je n'ai presque rien senti. je n'étais pas trop là.J'étais en observation du monde.
Nous habitions Saint Cyprien dans les premiers HLM de la ville. j'étais pas de là. Les autres gamins étaient de là, la preuve : ils savaient bénéficier d'une distribution de mini barres de chocolat Poulain et de casquettes jetées depuis un camion publicitaire et moi pas . Je ne saurai jamais, c'est sûr, comme je ne comprenais pas pourquoi les fourmis ou les mouches étaient en perpétuel mouvement. Il m'en reste que je ne supporte pas les " j'y ai droit" ni être là au bon moment. Officiellement, ça m'ennuie..
Je ne sais pas comment s'est mis en place mon processus interne de sacrifice de ma vie au profit de mes parents puis à celui du monde. Je sais que je suis née avec ce programme qui , soit dit au passage , n'a servi à rien de vraiment bien.
Etre née avec, signifie que pendant mon séjour dans le ventre de ma mère, j'ai capté des signaux extérieurs, reçu ses décharges d'hormones, senti ses pas. J'ai cohabité avec ce qu'elle mangeait, buvait, lisait, ressentait. Je, entité , composais déja avec ce qui n'était pas moi, extérieur à moi mais qui me faisait. Je n'avais pas le choix que d'être en observation , passive et active.
D'où vient que j'ai perçu le message de mon père " tu es la vie que je n'ai pas , tu es mon issue, tu es pour moi, tu es de mon sang...tu es le sang qui me sauvera" ? D'où vient que j'ai pris le relais de ma mère, l'ai-je pris? La grille d'analyse freudienne ne me suffit pas. Le tout Œdipe occulte l'immense complexité de la mythologie grecque. Celle de la vie à la mort, celle de la fureur pulsionnelle, celle du feu dévorant et du sel qui fige et dessèche, celle du désir total et hurlant, celle de la douleur ingérable d'être et dieu et merde et poussière. j'en passe.
Mon sacrifice programmé m'ennuie. Il ne mène à RIEN. Je passe à une autre phase sans forcer. Pour une fois, je ne force pas. je m'inquiète de la lenteur du processus, en me disant " aurai-je le temps de m'installer dans mon étape suivante avant de devoir reprendre le boulot "?
Si je devais revenir travailler maintenant , je serais comme dans cette cour de récré de maternelle , à ne pas comprendre pourquoi celui ou celle là me saute dessus. Chaque coup de tampon "inapte au service " et l'octroi de six mois de plus aux limbes par le médecin contrôleur sursoit mon retour dans l'arène aux lions. Et voila que je me prends pour Blandine.
C'est drôle , hier je suis entrée au Louvre par la porte des lions. J'avais rendez-vous. Le Louvre est une caverne d'Ali Baba, je ne sais généralement pas ou poser les yeux. Cependant, le rien s'est installé insidieusement en moi, sans que j'en sois consciente. Il avait fallu faire vite, passer de salle en salle pour atteindre l'expo à l'autre bout des bâtiments. Goya, statues grecques, tapisseries, Théodore Géricault né le 26 septembre 1791 à Rouen, Renoir. La vie défile en tableaux devant mon corps au pas de charge , je passe et repasse à coté d'elle. Nous nous effleurons, ne nous touchons pas.
Dans ce bistro plutôt chic , je regardais, écoutais les codes de bonne conduite du rien dont étaient affublés mes voisins et moi-même . Je les comparais à ceux des Jenish du film (la BM du seigneur) que j'avais vu la veille. Je réfléchissais à comment chaque groupe vivant et chaque être à l'intérieur du groupe, se débrouillent et inventent pour se gérer tant bien que mal.
De ce coté-ci de la Seine, rive gauche, les boutiques sont pleines de rien à vendre très cher pour combler le vide des riches. De l'autre coté du pont, chez les moins riches, il y a aussi du rien à vendre , un peu moins cher, qui sera aspiré par des vides intérieurs qui ne valent pas grand chose à leur propres yeux.
Dans mon estomac, s'entrelaçaient deux colonnes, une montante, celle de ma faim, une autre , descendante, celle d'un fromage blanc au miel. Chacune disait à l'autre : " Salut ! ça tombe bien que tu sois là, belle rencontre que la nôtre ".
Je suis rentrée chez moi en sachant catégoriquement que je ne pouvais plus me contenter de mon programme à la Blandine, moitié spectatrice et amante sacrifiée du monde .Plus encore, j'allais laisser faire ma métamorphose avec encore plus de détermination .
Il y a quelques semaines, j'ai collé un chewing gum mental sur ma fuite d'énergie chronique. J'ai stoppé un processus de vampirisation. Le vide extérieur qui m'aspirait le sang et la moelle de mes os et que, par devoir, je devais alimenter et combler ad vitam eternam, va se débrouiller seul, mourir... disparaitre. C'est comme ça.laisser faire
Je crois que j'ai une tête de cochon, cad que je ne fais que ce que décide le cochon qui grogne en moi.
Pourquoi moi en cochon et pas en mule ? j'en sais rien mais tout ça n'est pas grave au fond. Je voulais juste dire que, quand quelque chose ne me plait pas, je réagis.
Il est de bon ton actuellement de traiter les chefs d'états , tunisien et égyptien de tyran. Il y a très longtemps qu'on le sait. Pour qui veut se donner la peine de penser un peu plus loin que le bout de sa nullité, presque tout se sait. Pas besoin d'être grand militante, il suffit de lire le monde diplo et quelques pages internet. Les résidences secondaires au Maroc avec sa suite d'esclaves un peu payé ( au tarif local.. faut faire attention a ne pas casser le marché ni faire perdre la tête aux autochtones ) tout le monde en rêve, se faire inviter sur un yacht, ça fait baver. On dit "c'est un très bel objet" en parlant d'une momie incas en vitrine bien en vue du 6eme arrondissement de Paris comme on le dit des fesses d'un jeune brésilien ou des yeux de la petite yéménite qui fait le ménage dans les ambassades.
De temps en temps pour donner bonne conscience à la conscience , on décide qu'une tête va tomber, on va la préférer bien en vue comme MAM ou Tapie .. On a dit " oh le vilain ou oh la vilaine". On se rejoue un petit petit 1789 façon carnaval, acte de purification ponctuel, encadré, propre et hop tout continue comme avant. On dit qu'il faut abolir les privilèges en rêvant petitement d'en récupérer trois miettes.
Oui il faut de l'école républicaine mais le top c'est quand même l'Alsacienne, celle ou on inscrira le petit pour lui donner toutes les chances de réussite. ça part d'un bon sentiment.
Il faut de la santé pour tous, oui mais on connait tous un ponte qui nous ne nous fera pas attendre des heures à coté des pauvres. Non, non, ce n'est pas une histoire de classe mais juste que " moi madame , je travaille et je n'ai pas le droit de perdre du temps".
Il faut de la culture pour tous mais mieux vaut éviter le Louvre le dimanche gratuit parce que la foule la foule la foule... non non.
Je suis allée voir un film " la BM du seigneur" , ça parle de la connerie humaine version jenisch. ça parle de nous tous, de notre rien, planqué sous toute sorte de codes et de conventions. Je vous le recommande. A Paris, c'est en ce moment au reflet medicis rue Champolion.
Le soir , je regarde plein de cinéma en streaming et justement je suis tombée sur pas mal de films américains traitant du rien et de ce qu'on en fait (semblant).
Into the wild, Dead man, dans un sens Délivrance et bien d'autres.
Dans le genre français, il y eu les Valseuses, le sulfureux dont le sujet serait la libération sexuelle 1968 , l'anti conformisme et le cynisme . Pourtant, Blier le dit " c'est l'histoire de deux connards". C'est vraiment l'histoire du rien , des deux héros à la con qui vont finir mal, l'histoire de celle, Moreau qui sort de taule et se tire une balle dans le vagin après s'être fait tirer par Depardieu et Dewaere, l'histoire de Miou Miou qui s'en sort parce qu'elle plane et qu'elle ne veut rien savoir de pourquoi et comment elle jouit.
Bon voila , j'en ai pas fini avec le rien, avec le mythe d'Icare, avec les Vanités.
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