mardi 20 avril 2010

le luxe

Depuis quelques jours, j'entends ce mot, il est aussi un de mes mots preferés car il n'y a que ça d'interessant, le luxe. Je ne parlerai pas ici du luxe interieur, celui des pauvres mais du vrai.
ça commence comment le goût du  luxe? par le goût. je  souviens de crabes et araignées de mer ramenés des halles. Avant qu'ils ne passent à la casserolle, je leur orgarnisais une petite fête perso,  une  ultime course sur le banc de la cuisine. Les gros feignants, n'ont jamais dépassé la ligne départ de plus 50 cm. Je les aimais  parce qu'ils étaient bons à manger. Délicieux même. j'ai des souvenirs très precis de victoires savoureusement gagnées sur les pinces , d'apprentissage de l'extraction  de la chair et de fromages de chèvre.
je vénérais le livre de cuisine, le rouge. Je révais de voles au vent géants, de caramel au petit et gros boulet, je fouillais dans les portes couteaux-animaux sauvages et feroces. il manquait une patte  à l'un deux et ce con ne tenait jamais debout. Le rhinoceros et le lion.
Le vin , c'est venu  tard, en 1985 avec un chinon..  depuis je bois et c'est bien.
j'ai entendu de la musique. pas n'importe laquelle et pas n'importe comment. j'ai écouté les commentaires incessants au sujet de tel ou tel jeux d'orgue. je n'y comprenais rien mais j'ai appris que le son est un univers et que  l'oreille se fait. Le top de la  facture instrumentale  à domicile. L'arrivée du clavecin,  très tôt, les barricades mysterieuses , mon premier trouble grave amoureux, (vas y mon, pp, toi rire de moi et en plus, la seule version  c'est Scott Ross). La lecture, la sculpture , théatre, danse, le corps qui bouge , le corps qui meurt,  l'habit,  le tissus, le papiers peint.  j'adore le papier peint, l'histoire du papier peint à travers les ages (parait que ça remonte à  Lascaux mais non ! je blague). La culture du chasselas à  Thomery, la passementerie de luxe. Un jour, je trainais dans la rue de Rivoli, je suis rentrée au musée des arts déco. expo Faberger. j'ai compris ce qu'était le luxe face à deux lézards  en argent. Le cou gras, le corps tordu en configuration d'attaque, les plis des pattes plus que parfaitement reproduits dans la masse. Bien que le vrai lézard qui lui est mort depuis longtemps.
y'a pas eu de devis pour ça, pas d'appel d'offres, non, juste carte blanche. Le tsar a dit un bon matin : " Allez mon Fabergé, trouve moi donc quelque chose pour coincer mes livres dans la bibliothèque, ils n'arrêtent pas de se casser la gueule". il l'a dit autrement biensur mais le fond est le même. Fabergé lui a fabriqué des lézards, comme dieu.  ça ne s'est pas fait si simplement, il a fallu négocier un peu quand meme , pas le prix non,  mais l'écartement des doigts de la patte.
le luxe disais je , c'est ça . matières premieres de luxe, du génie et du savoir faire
comme le caviar au seau dans les rues de Bakou entre les trous dans la rue et les canalisations de gaz ..
Comme une cave pleine..
comme la bibliotheque où mon classement stupide est mon classement à moi...
Comme comme comme...
un concert à la maison, juste pour nous...

mais pas que ça ,
un autre luxe en vrai serait la reproduction version piscine de la chapelle royale de Versailles, exactement le meme batiment avec 3 m d'eau, plonger depuis la tribune, faire la planche, se laisser aspirer par les cieux  du trompe l'oeil. Prévoir quelques narghilées flottants et toute sortes de musique , surtout orientales, extreme orientales. des espaces de sudations.
mais c'est pas fini,
ça n'a pas de fin cette affaire , le luxe.
le luxe, c'est un truc de jouisseurs, certains jours où  je dis que c'est mystique cette affaire. Pas du mystique sacrificiel, que l'on s'entende !
Et les bains à Budapest
faudrait aussi parler des draps
des nappes,
des assiettes  qui restent chaudes pendant tout le repas afin que je puisse parler et parler  et parler et enfin manger.

le corps indécent

Ma parole est indécente, elle est de corps nu. Trop présente. Elle est parole qui potentiellement va déraper hors code.
j'ai un mal de chien à  adherer au code social de référence . Un jour , j'ai realisé que les couverts à poisson sont, d'un point de vue de  gauchère, montés  à l'envers ainsi que les ciseaux et les tire-bouchons. Je m'y resigne dans l'ensemble sauf aux couverts à poisson, je n'y prend aucun plaisir car comment lever un filet avec un couteau monté à l'envers à moins que je ne devienne droitière.
Soit, je n'aime pas manger comme un cochon , j'ai intégré un minimum de  convenances,  un minimum, tout comme je sais monter à cheval, a minima, histoire de savoir me déplacer convenablement. Mais oui j'avoue, je préfere savoir faire un bon trot que savoir être dans le monde. Je me sens physiquement  de refuser toute épreuve qui consisterai à ce que ça rentre dans l'ordre.
Je fais de grands gestes en parlant, je mouline, je dessine, je bouge, je touche,  je prends de l'espace hors code, je m'y installe. Je ris fort. Je sens bien quelques fois dans un regard que quelque chose cloche. Trop comedia dell arte? trop populaire?   Il y a deux manières d'entrer en contact avec autrui , par le code  et la peau . J'ai réflechis à mes voisins dans le limousin , à cet affect discretement exprimé quand on parle de nos corps , de nos coinçures, de nos vieilleries de corps qui s'accompagne d'une promenade au jardin , d'un cadeau de 6 oeufs et de salades et qui se finit par un bonsoir et  au revoir en forme de rituel  où la main serre  doucement l'épaule pendant le  collage de bises sur les joues.
Evidement, il s'agit de la main droite.
il y a du code, certes.. et de la peau. ouf , ça va. il y a de la peau.

le devoir d'intelligence



Le devoir d'intelligence n'est pas un choix mais un mécanisme de survie. Il est bouffant mais sans lui, pas de légitimité à vivre, pas de sens, pas d'issue. Il est bouffant parce que toujours en bruit de fond de commerce et qu'il témoigne de la complexité et de la violence du soi face à l'autre, du soi, avec, sans, contre les autres, du soi avec ou sans soi.
Le devoir d'intelligence commence très tôt, à quelques mois, dès la naissance, même avant peut être. Le nourrisson sait que sans cette stratégie, il ne survivra pas car il ne peut pas compter sur son environnement, trop précaire voire dangereux. Il sait qu'il devra s'autocréer.
L'intelligence est en perpétuel devoir de création ex nihilo, dans l'impossibilité de s'interrompre sauf à prendre le risque de disparaitre. Ce risque non pris, interdit l'accès à sa vitalité ontologique, frappée d'inexistence et d'illégitimité. Mais il faut vivre et l'on vit. La tension interne se manifeste de 100 manières, dont le doute et l'élaboration quasi névrotique d'une éthique de vie bordée de sens du devoir. Le devoir d'intelligence ne garantis pas l'intelligence...
Un jour, la vitalité s'impose dans un souffle lent et persistant, sous forme d'une grève personnelle interne et sociale, d'un retour inédit sur soi. Elle travaille seule à la reconstruction de l'imagination, sur un mode nomade.En poussant, elle déroute  le devoir
La vie est une grande farceuse tout de même.