lundi 2 août 2010

ça gueule

incroyable, ça hurle dans mon immeuble. 
première fois
ps: je pense même que ça va cogner

plus faire n'importe quoi / maladie virale

Franck Lepage me fait penser.
un matin tout tranquiii illleu ...pas vrai, il n'était pas tranquille ce matin je me réveille et  je ne peux plus faire n'importe quoi. C'est un vrai gros handicap, plus pouvoir  travailler à n'importe quoi . 
J'y vais quand même;  j'avais pas de fièvre. J'ai oublié la matinée. A la cantine , le choux rouge rappé m'est apparu encore plus irradié que d'habitude. j'ai pris le RER dans l'autre sens en sifflotant  "la Vézinet" et le docteur m'a arrêté.
Depuis, ce n'est plus mon moi classique qui commande mais je ne sais qui , enfoui quelque part dans moi  mais peut être bien partout. 
quand quelque chose ne me plait pas, je ne peux pas . Point barre. le corps désigné comme garde fou.  Je peux nager ou faire du velo pendant des heures, sans éprouver de fatigue. Je m'embarque, je me laisse embarquer pas toujours avec toutes les sécurités. Je suis mise en sécurité.
Je commence à accepter  mes nouveaux impératifs,  non plus comme un handicap mais une vérité de moi qu'il faut impérativement respecter. Je ne peux plus me brader. je ne peux plus m'éviter.  Il faut encore que je me protège de la sollicitation d'autrui, de sa menace, de cette peur résiduelle d'être prise au piège, utilisée  puis expédiée dans le vide. 
Je résonne comme une cloche en verre. 
J'ai surtout besoin de temps. Pour le reste, je me débrouille pas si mal. En fait, en vrai , sous des allures de petit zoizo dans le cerveau, ma tête est aussi  en train de se recoller. Besoin de temps, pour ébaucher. j'écris ma vie un peu tous les jours, elle se mélange les pinceaux avec d'autres.
Je me perche dans mon 6eme étage, je pense.
Je me fais piquer mon 2eme vélo. 

Si j'écris ça , ce n'est pas pour qu'on dise:  "ah la pauv petite, snirf , ben oui , avec tout ce qu'elle a subi "ou "ah ! cette grosse cossarde, je vais te la remettre au taf vite fait" ...
je vous écris ces mots doux  pour signaler que je suis juste un peu en avance sur vous...Cette maladie est virale .

le vol des mots

il y a quelques jours, je mettais en ligne un lien qui permet de regarder la  video d'un spectacle de Franck Lepage (http://tvbruits.org/spip.php?article981) dont la réflexion est à mon gout très  pertinente. J'ai découvert ce sale timbanque grâce à mon  frère C. à l'esprit  caustique qui fait sa réputation et ma joie.. Un grand merci à  mon frère chéri.

sur la page d'accueil,  il est écrit : " Un philosophe aujourd’hui oublié, Herbert Marcuse, nous mettait en garde : nous ne pourrions bientôt plus critiquer efficacement le capitalisme, parce que nous n’aurions bientôt plus de mots pour le désigner négativement. 30 ans plus tard, le capitalisme s’appelle développement, la domination s’appelle partenariat, l’’exploitation s’’appelle gestion des ressources humaines et l’aliénation s’’appelle projet. Des mots qui ne permettent plus de penser la réalité mais simplement de nous y adapter en l’approuvant à l’’infini".

il y a des années, il m'est venue une histoire  ; celle d'un diable qui subtilisait graduellement les lettres de l'alphabet aux humains. Les sons disparaissaient les uns après les autres. 
Cher futur narrateur de cette fabuleuse histoire , à  ce stade , il vous faudra donner quelques exemples montés en crescendo qui rendront crédible le postulat ;  la disparition des phonèmes. 
Exemple avec cette phrase " Chair amie , je vous souhaite une bonne journée " , dite en vrai et au téléphone. les "a" puis les "n" puis les "i" disparaissent. Les rires immenses que vous allez déclencher, vous assurerons la sympathie de l'auditoire.
l'histoire continue : 
" Les humains, las de chercher des parades,  bientôt se turent. Ils s'épuisèrent entre  les synonymes et tournures de phrase de remplacement qui elles mêmes étaient trouées etc etc. On tenta  l'impro en langues des signes;  bordel total. La vraie langue des signes était atteinte du même mildiou.  Les échanges verbaux d'abord lacunaires, s'éteignirent . Des blancs de plus en plus longs et fréquents saccadaient les flux puis les envahirent. Le silence s'instaura (enfin?)  entre les hommes. Le diable s'amusait . 
Dans les livres, les lettres tracées se gommèrent, laissant des vides dans le papier et  les enseignes. Puis, des mots disparurent, des verbes, des livres, et bon plan, les factures aussi .
Les idées disparurent.
Pendant un moment, on aurait encore  pu trouver des stratégies de défense et d'attaque,  mais il fut vite trop tard pour  les formaliser, d'abord  en soi,  puis avec d'autres ou en même temps que d'autres, trop tard pour  les confronter, les mettre en commun. Fini. stop. les humains étaient tous devenus rien.
Mais voila qu'au bout de quelques temps, le diable commença à s'ennuyer fort, très fort même. Plus de spectacle de tueries  ni  de chicaneries. 
Comme les diables,  ça n'a pas de suite dans les idées et, en plus, c'est très impulsif, d'un coup de sabot, il envoya valdinguer les lettres  et les relâcha  sur terre méthode  pneumatiques des années 60 ,  via les volcans disséminés par ci par là sur le globe. 
"Allez débrouillez vous avec ça  , vraiment vous n'êtes plus drôles, je ne vous entends plus vous haïr". 
Comme des oiseaux gobeurs, les humains re-avalèrent  les lettres (et le son qui était attaché à chacune)  pendant qu'elles  retombaient doucement en flocon sur le sol. Dès le lendemain  matin , des injures, encore bancales soit , fusèrent. 
Là, j'ai un grave manque d'inspiration. Faudrait  lancer des anecdotes et surtout   tirer de cette fable  une grande leçon philosophique. Mais chacun  peut se le jouer à sa sauce. La grande tendance pourrait être : 
 le sujet est 'il d'abord de parole? On enchainera sur des histoires d'enfants loups, c'est moins théorique et tout le monde pourra suivre, petits et grands. On finira en chantant un air du "livre de la jungle" de W.Disney en trinquant.
Drôle de vie. moi, je vous le redis.