jeudi 10 mars 2011

la peur de la révolution

N'avez vous jamais ressenti(e?) la peur intérieure de vous-même? Celle qui donne plutôt envie de mourir plutôt que l'affronter. L'effroi total comme dans les livres d'épouvantable épouvante . je me rends compte que je ne supporte pas la tension au cinéma à cause de romans comme le Horla, ceux qui ne dévoilent pas les secrets de l'indicible. Je n'ai jamais pris de drogue dure ou me suis avinée  sérieusement par peur de réveiller les monstres intérieurs, même pas les miens, ceux d'un chaos infernal  sans fin , qui sommeillent. Je me souviens d'angoisses à crever , enfant puis jeune adulte. Mon adolescence a été protégée,  je ne sais pas comment mais c'est plutôt une bonne nouvelle. 
Angoisses parce que les leçons pas apprises,  ventre serré, constipation, aphtes, mutisme, angoisses terreurs intériorisées qui  plombent la vie au point qu'il  devient  impossible de se lever le matin en ne voyant autre couleur  que du gris de plomb. Impossible  de croiser une fenêtre par peur qu'un monstre enfoui en soi ne vous pousse à travers comme dans l'Exorciste. 
Angoisse quand il faut aller bosser, incarner l'autorité et discuter avec les collègues bêtes et méchants. 
Je perçois comment les angoisses et  terreurs d'enfance enfouies sous un "marche ou crève" transmutent en d'autres symptômes d'adultes plus socialisés, plus normalisés; maux de dos, maux d'os , grosso modos, maux des pieds à la tête, dépression , coincement d'épaules. Pour exorciser,  je vais voir les  squelettes de bêtes antiques. Je veux me voir avant ma disparition. Devant le jardin des plantes campent plein de sdf. Les fous dans la rue , ceux qui dorment dehors, qui ne mangent que du pinard à l'amiante  et des danettes périmées et des knacks de contrebande, ceux qui ont froid, qui puent, qui crèvent de folie qui dure,  sont mes miroirs. Quand je dis que je ne supporte les drames; je ne supporte pas  que vacille encore mon monde intérieur. je veux la paix.
Il y a quelques années j'ai rencontré l'angoisse contagieuse personnifiée,  elle s'appelait X. J'ai passé quelques mois avec elle,  à lutter en permanence contre le risque permanent de  désintégration intérieure. j'ai failli y passer et je ne m'en rendais même pas compte. C'est là où je déconne quand même. J'ai préféré subir la nocivité de l'autre plutôt que de me confronter à mon hypothétique folie avec son cortège d'images de dérive dans l'espace infini, abandon . Je pense que j'ai regardé  trop jeune, 2001 l'Odyssée de l'Espace. Trop de connexions possibles avec mon cauchemar perso. (En 1980, j'ai adoré Alien parce qu'il y avait un vrai monstre qui tuait tout le monde sauf la belle et intelligente Sigourney en marcel blanc et épaules sensuelles).
je ne suis pas  connectée à une prise d'eau,  à un scaphandre  ou à du  courant comme une machine à laver. Qui va me nourrir gratos ? comme ça hop ? pour mes beaux yeux? personne, personne  et si je ne travaille pas, si je ne le mérite pas,  si j'en suis pas capable ? menace perpétuelle de mort .  Tiens donc .. c'est pour ça que je suis devenue fonctionnaire, biberon à gogo. 
(Tiens , je vais militer pour l'allaitement au sein jusqu'en 5 ans comme pour les futurs employés des collectivités territoriales, cdd de 5 ans renouvelables (si gentil et obéissant) 
Et voila que je me mets en arrêt de travail et m'achemine sans doute vers une autre voie. Casser le programme, passer au delà de la peur . Mon ossature de dinosaure  grince, j'espère que je mue en chat.
Alien, c'est  bien aussi une histoire de mues. La bête tueuse devient de plus en plus grande, immense (même qu'on le sait à ses  mues que l'on retrouve, par ci par là, dans le grand vaisseau spatial).
la loterie va bientôt annoncer le résultat : Qui va gagner ? la mutation de monstre en monstre, de fatalité en fatalité, la dépression familiale   ou la  métamorphose libératrice ? 
on le saura au prochain épisode ou tour de karma
Comment se dégager de la pouasse?  faut se colleter à soi,  plonger dans ses ténèbres .. quitte ou double. J'aimerais bien un joker de temps en temps. 
Pourquoi rêve t'on de gagner au loto, pas seulement pour ne plus bosser (pour un patron exploiteur et sans merci) , mais parce qu'on rêve du Joker , du sien perso  qui doit bien être quelque part dans le monde, comme l'amour  ou peut être l'immortalité qui est  le droit à l'erreur. 
plus on avance vers la fin de la vie , moins on a droit à l'erreur. 
Je pense qu'à travers les chutes et autres excès,   je  calcule si  mon squelette actuel est capable de supporter  une moi  nouvelle ( mais toujours la même) ou  si je ne pêche pas par orgueil ou incapacité à jauger la Réalité (celle du Meilleur des Mondes). tu quittes ou tu doubles ta vie?
Faudra t 'il encore que je sois  raisonnable ? contenue?  patiente? 
ma mutation ou métamorphose se fait au rythme des cellules qui meurent plus vite que moi mais n'en ont pas conscience. Elles naissent,  passent le message à la voisine et meurent , c'est tout. Notre interprétation  du temps de la vie n'est pas la même. je voudrais qu'elle accélèrent encore la cadence mais elles sont programmées comme ça et pas moyen de le changer. Je voudrais être dispensée d'apprentissage. Je voudrais aller vite avant de mourir, m'abandonner , flotter dans le ciel , avoir  une chance , une dernière chance de vivre enfin comme il se doit. Vivre l'évidence que l'on rencontre au cours de  sa révolution.  


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