dimanche 16 janvier 2011

au retour du cinéma


Je suis allée au cinéma , à la séance de 20h. Il était 22h 30 quand je suis passée devant l'épicerie de ma rue. Mon voisin Philippe me précédait de quelque pas. Il m'a invitée à boire chez Guiseppe , la pizzeria. Trois arsouilles trainaient encore à la dernière table, des vrais avec des yeux ronds hallucinés  et une l'allure de pantin débile. Je n'avais pas vu Philippe depuis le début de l'année, il m'a souhaité beaucoup de bonheur pour 2011. Nous avons demandé des nouvelles de la plus vieille chienne de Guiseppe,  une grosse yorkshire qui a un cancer . Il nous a dessiné ce que lui propose le véto pour 800€ : enlever la moitié de la mâchoire malade. Il nous a demandé si on peut imaginer un chien avec une demi gueule. Effectivement, ça nous a  laissé perplexe. Il ne la fera pas opérer et puis le cancer s'étend sous la langue. " Il ne va pas lui découper  la langue ...et puis quoi encore ?!  ". 
Les arsouilles trainaient et refusaient de nous payer une tournée. Philippe m'a dit " tu viens avec moi ma chérie, on va au PMU . Je dois vérifier mes tickets. j'ai bossé 80 h cette semaine, j'ai besoin de me détendre pour m'endormir. Je t'invite". J'ai rechigné , il a insisté, je l'ai suivi . Guiseppe nous rejoindra quand il aura fermé et récupéré les chiens. Il les fait sortir 4 fois par jour. 
Le PMU est à deux pas. Avec la nuit et accompagnée d'un habitué, le lieu m'est devenu brutalement familier. Je me suis calée  dans les pas de Philippe qui passait de groupe en groupe en embrassant tout le monde. Dans la deuxième salle à l'arrière, deux filles finissaient leur rosé dans des verres ballons. Philippe s'est  posé avec elles, a discuté trois secondes et reparti dans la première salle. je suis restée avec elles pour finir de les écouter . Elles sont du quartier depuis 20 ans. Une des deux  portait un bonnet noir sur ses cheveux noirs nattés . L'autre etait trop loin pour que je la distingue . La salle n'était éclairée que par la lumière des toilettes et trois loupiotes murales de 40 watts. Je ne sais plus trop ce qu'elles m'ont  raconté au sujet de Philippe que j'ai retrouvé au bar. Il a avalé deux demis d'un trait pendant que je commandais un rhum coca. Guiseppe est enfin arrivé avec ses Yorks. Philippe m'a demandé si j'ai quelque chose contre les filles blacks. je lui ai  répondu "non, pourquoi ? ". Il a raconté à  la fille au bonnet que je préfère les filles ,  elle voudrait mon numéro de téléphone mais elle a peur que je n'aime pas les noires  il finit par  : " elle attend que tu viennes la voir, vas y, elle te trouve bien ". J'ai  tenté de lui expliquer que je suis pathologiquement monogame et que lui  s'il se sacrifie pour son fils en travaillant 80h par semaine pour lui payer une maison au pays, la Guadeloupe , ce n'est que parce qu'il n'arrive pas a se détacher de son ex femme et qu'il fait porter le poids de son beau sacrifice à son fils et que ça , ça ne se fait pas . Il m'a dit que j'ai raison. Puis je me suis vue parler à un autre type qui m'a reconnue comme étant du quartier et cliente de la dame mal aimable au couscous. Les filles sont sorties, celle au bonnet m'a demandé mon téléphone. D'être moitié sourde m'a fait passer pour raciste mais je n'avais pas envie de lui raconter ma vie , surtout à 1h du mat avec  mal de crâne. Le rhum du rade était beaucoup plus frelaté que celui de Guiseppe, je préfère de loin celui du cubi dans la piaule de Philippe. 
Nous somme rentrés, les tickets du quarté vérifiés. Sur une mise de 200€,  il en a récupéré 120. " C'est dommage,  les favoris ont gagné" m'a t' il dit .
A nouveau dans la rue , presque au même endroit où j'avais croisé Philippe, deux heures plus tôt, une autre voisine rentrait avec un bouteille de coca dans les mains  , son fils commençait  une gastro. Nous avons été  fêter ça au bistrot plus haut. ça m'a donné envie de boire un coca  mais j'ai aussi fini le vin de noix que j'avais commandé pour Philippe, trop liqueur pour gonzesse à son goût. Nous sommes remontés tous les trois jusqu'au 6 eme. La lumière des escaliers ne fonctionnait plus , la voisine nous a éclairé avec son briquet qui fait aussi lampe de poche et qui projète une image de cloche sur les murs.  sympa . Le derniers mots de Philippe en ouvrant ses deux verrous  ont été   " salut les filles , je vais dormir comme un ange" . A ce moment,  la lumière est revenue, la voisine est repartie vers son 3eme étage avec sa bouteille de coca sous le bras et je me suis endormie, moi aussi , comme un ange .
Le film que j'ai été voir s'appelle Cabeza de Vaca et j'ai encore rêvé cette nuit.

4 commentaires:

  1. Rhum-Coca, les gens chic appellent ça un "Cuba Libre",(soit le seul coquetèle oxymore...), les pochetrons de mon espèce appellent ça un "Mazout" !

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  2. alors , hier soir j'étais mazoutée

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  3. Jolie tranche de vie, vraiment plaisant à lire.

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