Après le repas de midi, j'attendais que tout le monde vaque à ses occupations. Je descendais a la cave qui était en fait en rdc . J'avais caché dans coin un paquet de fringues de cow boy version débrouille: chapeau, jean, chemise et flingue en plastique. Déguisée, je sortais par la porte qui donnait sur le jardin, coté rosiers. J'étais Josh Randall, comme lui, je ne parlais pas et je roulais les mécaniques. Bien que lui n'en portait pas, je rêvais d'avoir des éperons mais comme de toute manière il me manquait les bottes... alors les éperons... fallait pas trop rêver. Il n'était pas facile de s'en procurer en Poitou à cette époque. En conclusion , je les imaginais à mes pieds. J'arpentais deux ou trois fois les pare-terres de fleurs, je traçais jusqu'aux éclats de bombe et je revenais en logeant le fil à linge. Pendant mon inspection, je sortais mon pistolet et le faisais tourner autour de mon index passé dans la protection de la gâchette. J'observais, je contrôlais, je faisait régner l'ordre et éventuellement je dégommais quelques malfrats avinés et sanguinaires. De temps en temps, je levais un oeil vers les fenêtres de la maison et de l'atelier. Je n'avais pas envie de me faire repérer dans ce déguisement masculin. On se serait moqué? on m'aurait trouvée anormale? oui, je craignais ça. Il aurait fallu avouer.
"Aller aux Castors" faisait rêver. C'était un lieu de commerce étrange , construit fin des années 50, en plein vent , au bout d'un immense terrain vague transformé peu à peu terrain de foot. On y trouvait une pharmacie, une boucherie, une crémerie, une coop puis le marchand de journaux. Je n'ai pas souvenir de la boulangerie. Les gens était bizarres, le boucher avait des fils très bruns et gros comme lui , des ogres. Le pharmacien : une grosse bosse sur la main. La crémiere : une employée qui avait une fille avec des grands cheveux blonds roux, un peu comme une apparition de fée dans la foret de Brocéliande. Elle collait bien au décor de la crémerie et sa peau s'accordait parfaitement au gruyère, au beurre, au marbre du comptoir. La mère avait un faux air de chêvre dont la fille n'avait pas hérité. La boutique du marchand de journaux était chauffée avec un poêle à mazout zeagel-held et on y trouvait aussi de la mercerie et des pétards à mèche. j'achetais des bd de daube en noir et blanc; des histoires de cow boy ou de jungle avec des Tarzan contre les militaires aux chapeaux rhodésiens.
Une famille trainait souvent devant les magasins, vers le distributeur de boules de chewing gum. Le "thank you" inscrit en relief sur le clapet de distribution situé sous la grosse poignée est resté longtemps une énigme, surtout prononcé "tanque you", comme je le faisais. Tanque you.. quel rapport avec un chewing gum? bref..bref
Cette famille m'intriguait car à chacun de ses membres manquait le volume arrière du crane. Ils étaient tous plats de derrière la tête et , pour compenser (?) avaient des fronts très hauts et bombés. A les voir quotidiennement, je les avais classés comme représentants type de l'ethnie locale. Ils devaient être tout simplement débiles. Trainaient aussi des blousons noirs avec des mobs. Les Castors était le berceau du rock'n roll , en France.
J'allais à la Coop faire déconsigner en douce les bouteilles de jaja "étoile" capsulées dont je transformais aussitôt le revenu en un tube de lait concentré sucré...
RépondreSupprimerA la Coop, qui était déjà curieusement un libre- service, caisse à la sortie, y avait les timbres que le gérant, très soumis à sa femme, vous refilait... Avec un cahier pour les coller en fin d'année, comme des bons points de bons petits consommateurs...
C'est pour ça que je refuse dans tous les magasins par principe les cartes de fidélité...
Au monop, c'est fini, elles ne me demandent plus " Vous avez la carte de fidélité ?" depuis que je leur ai dit " Non ! je ne suis pas fidèle ! en rien , si vous voyez ce que je veux dire !" elles ont très bien vu.
Souvenir, le pharmacien qui en fait était le préparateur qui avait épousé la pharmacienne, était amputé à la suite d'on ne sait quel accident de quelques doigts d'un main. Ce qui ne l'empêchait pas d'être un excellent et habile mécano...
RépondreSupprimerC'est par sa femme curieusement sympathique que j'appris, en lui apportant une cueillette de champignons des plus incertains, que l'amanite tue-mouche n'était pas mortelle mais hallucinogène. Après tout elle était pas obligée !
des mobs certes, mais aussi des Flandria et des Malagutti avec les selles cloutées à franges, franges aussi au bout des poignées...
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