Nous étions pionnes, elle était une de ces pestes qui torturent leur galant, en ayant faim de fraises à 3h du mat ( sans être enceinte).
Une complicité nous liait, sans doute parce que nos préoccupations étaient tellement éloignées que nous n'avions aucun terrain de mésentente ou de rivalité possible mais qu'aussi nous ne supportions pas la petitesse, la radinerie, le moi d'abord stupide de la plupart de nos collègues. Elle me respectait et m'aimait (un peu) parce que mon écoute la rassurait. Aimer n'était pas son fort. Un jour, elle me raconta comment rentrant de promenade avec la bonne ( oui ça se fait encore dans les provinces de France), elle avait du user d'un stratagème peu commun pour justifier son état de noirceur extrême auprès de sa mère en colère. En effet, elle avait été laissée seule une partie de l'après midi à jouer dans le tas de charbon d'une remise pendant que la bonne s'envoyait en l'air avec son amoureux du moment.
Comment dire sans dire ? comment dire "ça" qui ne se dit pas? comment ne pas cafeter tout en ne prenant pas pour les autres?
A l'école , elle venait d'apprendre les voyelles et les consonnes, elle avait entendu comment les adultes font pour ne pas dire ou dire sans dire. Les femmes ne parlent pas de tampax devant les enfants mais de T.A.M.P.A.X épelé.
Alors elle a regardé sa mère , lui a dit et répété : "A E I O U , A E I O U , A E I O U " puis encore A E I O U , A E I O U , A E I O U !!!! ".
Elle avait dit ça qui ne se dit pas , elle n'avait pas cafeté..mais elle avait été privée de poney le jeudi suivant.
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