mes neurones. Faudrait qu'ils arrêtent de carburer, ils me fatiguent.
mais justement, c'est bien pour me fatiguer qu'ils carburent.
je ne veux rien savoir de ma solidité. Elle m'emmerde parce qu'elle m'oblige à changer de regard sur moi.
je n'ai pas fait exprès de dire " je ne me brade pas ", c'est sorti comme ça, comme j'aime le pain et le fromage. Les mots ont devancé mon discours . Il me faut donc assumer, digérer, assimiler cette nouvelle donne. Si j'avais pu me brader , je l'aurais fait , parce que véritablement les miettes étaient sublimes, seulement elles ne suffisent plus à me nourrir.
Mon corps s'octroie une autre dimension, le 3ème. Il a faim, faim d'eau, faim de mouvement, faim d'amour. Ce n'est plus le même. Si ces jours ci , je suis restée au sec dans ma piaule parce qu'il ne sait plus passer entre les gouttes. C'est malin.
Mon corps est venu du monde de l'incarnation. Je croyais le modeler à mon souhait et me l'approprier peu à peu. En réalité , il m'impose son "je ne me brade pas". Cette injonction m'éprouve par le truchement du désir de l'autre, autant qu'il met l'autre à l'épreuve. Et là, je ne sais pas quoi faire.
Le risque d'un (trop de) corps est de se faire bastonner. C'est bien pour ça que je refusais d'en avoir un.
ça s'appelle la trouille de l'anéantissement et aussi celle de la castration. Qui n'a rien, ne risque rien. Pas de corps, pas de baston. Il reste la peur de constater que je suis vraiment castrée, cad irrémédiablement pas faite pour la vie. Plus talentueuse dans ma capacité expiatoire que respiratoire. Le risque est aussi de mettre ma envie à découvert. Mon souffle ne devait pas s'échapper de moi car il aurait prouvé ma complicité dans ces actes sombres d'obscénité.
Seulement voila, je ne me brade pas, me voila devenue entière. Je prends place. Je me risque à être moi. Ma copine Frd dit " j'ose ".
Je suis là.
Je suis là.
Avec mon frère , l'autre nuit , nous parlions de cochons. Nous avons, il y a quelques années, chacun de notre coté, filmé l'abattage de cochons. Drôle de rituel. Après l'avoir saigné et brulé , on le pend par les pieds pour le découper. La tête saute en premier. Pendant un instant, avant de le diviser en deux à grands coups de tranchoir, le temps de l'éviscérer, la bête ressemble à un humain. A chaque fois , je pensais, à Jésus, "ceci est mon corps, prenez et mangez en tous..". Hop une cotelette, hop, une rillette , une andouillette, hop une ostie. " ceci est mon sang.." hop des colliers de boudin.
Miracle de la Transfiguration.
Je vois comment un enfant peut se sacrifier au nom du père, sur ordre du père mort ou risquant de l'être , sur ordre de la mère depuis toujours morte. Parce qu'eux mêmes on été avalés par leur destin, ils infligent à leur progéniture ce même programme , celui du sacrifice. En les bouffant, c'est la vie qui recule. Je comprends pourquoi tout va mal dans ce vaste monde.
Seulement voila , quelques fois, ça résiste; un cochon de lait ne veut pas y passer. Par stratégie, il ne grandit pas, ferme son groin, se planque à l'intérieur de ses tripes. Il rumine ( oui je sais , pas les cochons), pense et feuillette le mode d'emploi de son kit de survie, ne se laisse pas complétement attraper. Il peut aussi devenir complice-résistant , comme le cochon à 3 pattes de la fameuse histoire ( si vous ne la connaissez pas, faites moi signe , je la raconte formidablement bien).
Un jour (pourquoi celui là ?), le cochon lance goguenard : " Je ne me brade plus, y'a plus de promo. Ras le bol de me trainer dans la boue. Ce soir , je vais aux bains turcs. Là bas, chez Soliman le magnifique, on ne mange pas de porc. c'est prohibé.
Il s'assoit, les regarde et dit : " Sa propre vie est ex nihil'eau. Tous, nous le savons , d'Alep à Zohar. De la peau vers le coeur, du coeur vers la peau, apprenons à lire ensemble le grand livre de nos Splendeurs".
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