il faut se méfier des enfants sages, ça cache quelque chose. Ils se transforment en adultes sages, ceux n'aiment pas l'hystérie et le drame, ceux qui ont pris l'habitude de se dire "bien, puisque personne n'a le courage, j'y vais".
En vrai, la tension les détruit.
Il faut s'en méfier parce qu'ils croient à ce qu'on leur raconte, à la justice, à l'égalité, à l'égard envers autrui et au bonheur partagé. Ils croient à ce qui est écrit dans les bouquins. Il faut s'en méfier parce qu'à force, ils deviennent exigeants. Ne supportent pas les lois qu'on leur impose. Non qu'ils ne veulent pas de loi, au contraire, mais une loi admise par tous. Ils en deviendraient même kamikaze parce que leur identité appartient plus à cette cause, la loi commune, qu'à eux même . Carence d'ego qui ne fait pas d'eux des héros mais des couillons.
Ils ne posent problème qu'au moment où ils osent dire " aie" quand les coups sont portés trop fort et qu'ils en ont assez d'amortir. Cette douleur qui s'exprime soudainement désarçonne, en effet ; que leur prend 'il de dire " stop " ou "on me doit un certain égard" ? mince , ils deviennent le problème alors qu'on les veut amortisseur.
Comme ils sont déja allés au front, ils sont chargés et se chargent tout seul, (c'est devenu automatique) de régler les histoires. La galère les fait flipper, ils cherchent toujours solutions et explications, ils sont pénibles à la fin ! On les aime bien pourtant parce que ne sont pas des chiens, ni vautours, ni méchants ou vicelards, non.. ils n'accusent pas, ne gueulent pas avec la meute. Ils énoncent des voies et solutions possibles.
On ne souhaite pas les entendre parce qu'ils obligent à agir. Ils sont nos Cassandre, nos empêcheurs de tourner en rond ds nos cages, nos voies d'accès à notre mauvaise conscience . On préfère rester sourd à leur mots et à leurs maux, sous le prétexte qu'ils s'en sortiront toujours car ils sont forts, eux...
On oublie que pour arriver à dire " aie" à haute voix et sans crier contre , il leur a fallu se réhabiliter à leurs propres yeux. Le vrai travail est celui-là ,comme pour pratiquement tout le monde, d'ailleurs. Ils ont parié sur le courage plutôt que sur la complaisance, sur le bonheur plutôt que sur la fuite. Ils se prennent leurs ombres à bras le corps et entre 4 yeux. Pour l'avoir expérimenté, ils savent que la peur de l'affrontement est mille fois pire que l'affrontement. La peur ravage.
La plupart du temps, ils prêchent dans le désert. Ils parlent aux escargots des sables. ils sont fous parce qu'ils espèrent et aiment.
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