dimanche 13 juin 2010

je suis allée à Pithiviers

Je suis allée à Pithiviers par le RER D via Malesherbes où l'on m'attendait à la gare. c'est bien les amis.
Je ne me lasse pas de ces champs d'orge, de betteraves et de lin à perte de vue. les silos en béton gris plantés en pleine  brousse comme des cathédrales . j'ai oublié de prendre des photos parce que mon portable était presque à plat.
Dans l'entrée de la maison,  deux grands seaux pleins  de cerises énormes prêtes à éclater. "Vas y , vas y ,  on a déja fait des tonnes confitures, on en a marre, trop de cerises cette année". j'y suis allée franco. Blurps. 
Le soir, concert d'orgue. L'acoustique de l'église n'est pas faite pour mon oreille; pas assez sèche. ça me file la nausée physique. Heureusement,  je peux encore entendre du clavecin. C'est plus comme avant. Je perds peu à peu le comment c'était avant. Quelques fois, j'hallucine des bruits bizarres  pour compenser un  autre son ancien, perdu. 
Le soir tard, je suis restée dans le jacuzzi , brassage du corps à fond les manettes.
Le corps est une drôle d'invention. Il revendique sa belle part belle. Je ferme mes yeux dans le bain bouillonnant en m'ordonnant d'accepter la paix , de  laisser faire la paix, de laisser inventer. Mes pieds flottent sur l'écume et  se foutent de ma gueule. Les bulles vont vite à vivre et à mourir.
Je me souviens du réveil à l'hosto après qu'on m'a enlevé cette tumeur dans le coté gauchedu cerveau. Je parle;  trois mots à ma soeur, assise dans le fauteuil à coté du lit.  Je bouge, la douleur sonne partout  comme si j'étais passée sous un camion à 20 essieux. Vive la morphine. Je vois,  deux images distinctes et floues, une par œil. Je reste les yeux fermés, des taches rouges et jaunes se forment derrières les paupières. Elles bougent et vivent comme des paramécies. De quel stock d'images et de rêves suis-je en possession? Stock qui va me permettre de tenir jusqu'au rétablissement. Très vite, après quelques heures, les bulles rouge et jaunes deviennent  formes animées avec des pattes vertes, comme des araignées. Tu ne meurs plus, maintenant tu vis et hop hop hop. 
Le début de la vie , c'est ça ;  les bulles. 
Hier soir dans le jacuzzi, je regardais  mes pieds pris dans le courant en pensant à  mon oreille perdue  troquée contre la peur de mourir. j'ai plus peur de mourir. Maintenant, j'aimerais éprouver le manque.
Hier matin, j'ai appris à plonger à trois mômes. C'est pas compliqué, il suffit  de  se visualiser comme une fusée et viser le fond. ils ont pigé tout de suite. J'ai plongé et replongé avec eux. 
Demain, je vais continuer , le plus profond possible, le plus longtemps  possible.  Nager sous l'eau, remonter en surface, nager et  repartir sur le plongeoir mue par je ne sais quelle détermination.




6 commentaires:

  1. Souvenirs...
    C'est Jeanne qui avait tapé ça...

    http://www.orgues-pithiviers.fr/doc/historique_54.pdf

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  2. C'est marrant la rue des "Quarte-Cyprès" (pied de lettre page 3)...

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  3. Pithiviers, patrie de Marie Ndiaye! Mais aussi du safran! Fallait aller au musée du safran! fau voir les champs! En dé"gustant un pâté d'alouette ou même un gâteau pithiçviers (il y en a au moins deux sortes, le feuilleté "galette desrois" et l'autre...voire même un plus ancien fait à la mie de pain).
    Le safran! Un bonheur, une merveille et une vieille culture du gâtinais!
    hors landau

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  4. et oui, le safran et les gâteaux mais aussi le resto vietnamien tout près de l'église , un bon, un vrai. Et encore les roses de chez André Eve.
    Si on a le courage, faut pousser jusqu'à Montargis; musée Girodet et sa zone industrielle et son faubourg nord, Chalette; la Turquie à deux pas de chez vous. Faut pas s'priver, c'est génial.

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